Antoine de Quelen
« Calcul » vient du mot latin calculus, « caillou ». Dès l’Antiquité, les êtres humains utilisent leur imagination pour calculer. Ils se servent de cailloux, de jetons, de boules et, bien sûr, de l’outil qu’ils ont toujours sur eux : leurs dix doigts - d’où les termes « décimal » et « digital » - avec lesquels ils peuvent compter.
Sans remonter au grand mathématicien grec Euclide, 300 ans avant J.-C., et sans parler des ingénieurs qui ont fait progresser les mathématiques depuis toujours, nous devons en priorité la maîtrise des chiffres et du calcul à trois hommes : l’inventeur de la première machine à calculer de l’histoire, Blaise Pascal (1642) ; le précurseur de l’informatique, l’Anglais Charles Babbage (1834) ; et celui qui a récemment (1973) créé le tout premier ordinateur personnel, l’ingénieur français François Gernelle. Il s’agit du Micral. Il ne vient pas d’Amérique, même si Steve Jobs et Apple vont le développer ensuite aux États-Unis et sur tout le globe.
Revenons à Blaise Pascal. Nous l’avons tous étudié à l’école. Sans bien réaliser que c’est sans doute le génie des génies. Mais nombreux sont ceux qui gardent quand même le souvenir du philosophe et du grand penseur.
Si, au fil des années, on a oublié beaucoup de ses écrits, chacun de nous se souvient au moins de son fameux pari sur l’existence de Dieu, puis des deux infinis : « une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part » ; ou encore de telle ou telle citation, comme « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas ». Certaines formules ne manquent pas d’une pointe d’humour, telle celle-ci : « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. »
Le génie des mots nous aurait presque fait oublier qu’il a été d’abord le génie des chiffres, le « Mozart » de l’arithmétique. Dès l’âge de 11 ans, il écoute les savants que fréquente son père. Il a même déjà écrit un livre de physique.
Pascal a 19 ans quand il pense à la première machine à calculer. Et simplement pour faire plaisir à son père, comptable et conseiller à la cour de Richelieu. Le voyant veiller tard pour son travail, le fils génial, attendri et compatissant, lui invente la première machine dite « intelligente » de l'Histoire. L’appareil - la pascaline - permet d’effectuer des additions et des soustractions. Pascal, c’est la lumière bien avant et bien au-dessus des Lumières.
Pour finir, rendons hommage à l’inventeur d’un mot français, cette fois. Il s’agit d’une réponse précise à une commande. En 1954, IBM France cherche un nom pour désigner une de ses premières machines électroniques destinées au traitement de l’information. La compagnie demande le conseil d’un professeur à la Sorbonne, Jacques Perret. Celui-ci explore plusieurs pistes et finit par proposer le mot « ordinateur » : « C’est un mot correctement formé, écrit-il, qui se trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l’ordre dans le monde. »
Pour IBM, l’idée de mise en ordre est la bonne. Malgré le terme anglais computer - calculateur, en français - qui s’est généralisé dans de nombreux pays, les vocables « ordinateur » et, plus tard, « micro-ordinateur » sauront s’imposer chez nous.
Commentaire de Pierre Danis :
Blaise Pascal était probablement un vrai chrétien.
C'est lui qui a dit :
« Il y a dans le cœur de tout homme un vide qui a la forme de Dieu ».